Calabre, Italie – Le gouvernement a débloqué des millions d’euros pour prendre en charge les migrants qui arrivent au centre d’accueil situé à la pointe de l’Italie après avoir traversé des déserts, des zones de guerre ou des mers agitées. Pourtant, pendant de nombreux jours, on leur a servi à peine plus que du poulet rassis. Certains n’ont rien mangé quand la nourriture s’est épuisée.
Les autorités ont mené une enquête d’un an qui a mis au jour un vaste plan de détournement de fonds qui aurait servi à détourner près de 36 millions des 102 millions d’euros fournis par le gouvernement sur une décennie.
Mafia et corruption en Calabre
Le cas de la Calabre n’est peut-être que l’exemple le plus notoire de la façon dont la misère des autres a donné un coup de pied à la mafia et aux fonctionnaires corrompus, alors que l’Italie lutte pour suivre l’afflux incessant de migrants et de réfugiés, plus de 93 000 pour la seule année en cours.
Selon les chercheurs, l’augmentation de la population migrante a transformé l’administration des centres d’accueil en une usine à corruption gouvernementale et à pénétration mafieuse potentielle.
Mauvais traitements infligés aux migrants en Calabre et en Italie
Le gouvernement central de Rome, ainsi que l’Union européenne, ont donné au centre d’accueil de Calabre environ 30 euros par jour pour chacun des migrants hébergés dans l’ancienne base de l’OTAN entourée de barbelés.
L’argent devait être utilisé pour la nourriture, le logement, les articles personnels, ainsi que pour les travailleurs sociaux et les enseignants italiens afin d’aider les migrants à s’intégrer et à apprendre la langue.
Au lieu de cela, grâce à des centaines d’heures d’images de caméras cachées et des rames de documents administratifs, les enquêteurs disent avoir découvert que le service de soins du centre ne fournissait pas une nourriture décente, voire suffisante, aux migrants, tout en facturant au ministère de l’intérieur des milliers de repas chaque jour.
Une institution humanitaire impliquée dans le scandale
Sur l’Isola di Capo Rizzuto, l’institution humanitaire impliquée dans le scandale était une filiale locale indépendante de Misericordia, gérée par Scordio.
Cette institution, présente dans toute l’Italie, effectue des travaux sociaux à but non lucratif – tels que la conduite d’ambulances et la fourniture de services de protection civile – par le biais d’appels d’offres publics ou de dons, et avec l’aide de bénévoles. Les procureurs n’ont trouvé aucun lien entre l’institution humanitaire nationale et le scandale local.
La Misericordia di Isola di Capo Rizzuto, d’une taille inhabituelle, fournit 300 emplois. Les responsables de la branche locale ont été suspendus et l’association a été placée sous administration judiciaire, bien qu’elle gère toujours le centre.
« A Isola, tout le monde travaille ou connaît quelqu’un qui travaille pour eux, donc les gens préfèrent ne pas prendre parti », explique Antonio Tata, le représentant local de Libera, l’association antimafia également fondée par un prêtre, le révérend Luigi Ciotti.
Les immigrés qui ont fui la pauvreté et la violence dans leur pays d’origine se battent en Italie.